21 mars 2009
Severn Suzuki, 12 ans, devant l'ONU : "I am only a child" severin suzuki 1992 discours ONU
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Severin Suzuki : discours à l'ONU en 1992. Severin Suzuki discours ONU 1992. Severn Suzuki, 12 ans, devant l'ONU : "I am only a child" - LMOUS
Severn Suzuki, une jeune canadienne de 12 ans, a eu la "chance" de discourir devant l'ONU en 1992. Elle y a livré un message universel, émouvant. A réciter dans toutes les assemblées nationales ou internationales... à chaque rentrée parlementaire ? D'urgence.
Severin Suzuki
"Il faudrait leur dire, qu'ils se rendent compte", "il suffirait d'un seul discours bien senti"... pour que les choses changent. "Il faudrait réunir tous les représentants de tous les peuples, et les mettre le nez dans leurs absurdités. Une fois pour toutes"... Peut-être avez-vous déjà eu cette pensée ?
Malheureusement, ça a déjà été fait. Et de la meilleure façon possible. Un discours parfait de 6'30 prononcé à Rio pendant le sommet de la terre, par une jeune fille de 12 ans, Severn Suzuki, venue du Canada pour l'occasion.
Quelques applaudissements polis, et puis voilà. Rien n'a changé. Rien ne changera... sauf peut-être en persévérant, encore et encore.
A faire pleurer un caribou.
Traduction de l'intervention...
« Bonjour, je suis Severn Suzuki, je m'exprime au nom de l'ECO, l'Environmental Children's Organization, un groupe d'enfants âgés de douze à treize ans qui tentons de nous faire entendre...
Vanessa Suttie, Morgan Geisler, Michelle Quigg et moi. Nous avons trouvé l'argent nous-mêmes pour parcourir 5000 miles afin de vous dire que vous devez changer.
En venant ici aujourd'hui, je n'ai pas à cacher mes objectifs. Je me bats pour mon avenir. Perdre son avenir n'est pas comme perdre une élection ou quelques points en bourse.
Je suis ici pour parler au nom de toutes les générations à venir. Je suis ici pour parler au nom des enfants affamés du monde entier dont les cris ne sont pas entendus. Je suis ici pour parler au nom des innombrables animaux qui meurent sur cette planète, car ils n'ont nulle part d'autre où aller.
Severin Suzuki
J'ai peur de m'exposer au soleil à cause des trous dans la couche d'ozone. J'ai peur de respirer l'air parce que je ne sais pas les produits chimiques qu'il contient. J'avais l'habitude d'aller pêcher à Vancouver, ma ville natale, avec mon père, jusqu'à ce qu'on trouve il y a quelques années, un poisson criblé de cancers. Et maintenant, nous entendons parler d'animaux et de plantes qui disparaissent chaque jour, perdus à jamais.
Dans ma vie, j'ai rêvé de voir de grands troupeaux d'animaux sauvages, des jungles et des forêts tropicales remplies d'oiseaux et de papillons, mais maintenant je me demande si tout cela existera encore lorsque mes enfants voudront le voir.
Vous préoccupiez-vous de ces choses lorsque vous aviez été mon âge ? Tout cela se déroule sous nos yeux, et pourtant nous agissons comme si nous avions tout le temps que nous voulions et toutes les solutions. Je suis seulement un enfant et je n'ai pas toutes les solutions, mais je veux que vous réalisiez que vous non plus ! Vous ne savez pas comment réparer les trous de notre couche d'ozone. Vous ne savez pas comment faire revenir le saumon dans nos eaux polluées. Vous ne savez pas comment ramener un animal dont l'espèce est éteinte. Et vous ne pouvez pas ramener les forêts dans des zones qui sont devenues des déserts.
Si vous ne savez pas comment réparer les dégats, s'il vous plaît, arrêtez de casser ! Ici, vous êtes des délégués de vos gouvernements, hommes d'affaires, journalistes ou hommes politiques. Mais, en réalité, vous êtes des mères et des pères, des soeurs et des frères, des tantes et des oncles. Et chacun de vous est l'enfant de quelqu'un. Je suis seulement un enfant, et pourtant je sais que nous faisons tous partie d'une famille, forte de cinq milliards de membres, en fait, forte de 30 millions d'espèces. Les frontières et les gouvernements ne changeront jamais ça. Je suis seulement un enfant, et pourtant je sais que nous sommes tous concernés par le même problème, et que nous devrions agir comme un seul et même monde, tendu vers un objectif unique.
Severin Suzuki
Dans ma colère, je ne suis pas aveugle, et dans ma peur, je ne crains pas de dire au monde ce que je ressens.
Dans mon pays, nous gaspillons tellement. Nous achetons et jetons, nous achetons, puis jetons. Et pourtant, les pays du Nord ne partagent pas avec les nécessiteux. Même si nous avons plus que ce dont nous avons besoin, nous avons peur de partager, peur de perdre certaines de nos richesses.
Au Canada, nous menons une vie privilégiée dans l'abondance de nourriture, d'eau et d'abris. Nous avons des montres, des vélos, des ordinateurs et des téléviseurs. Il y a deux jours, ici au Brésil, nous avons été choqués lorsque nous avons passé du temps avec des enfants vivant dans la rue. Voici ce qu'un de ces enfants nous a dit:
"Je voudrais être riche. Et si je l'étais, je donnerais à tous ces enfants de la nourriture, des vêtements, des médicaments, un abris, de l'amour et de l'affection."
Si un enfant de la rue qui n'a rien est prêt à partager, pourquoi nous qui avons tout sommes nous aussi avares ? Je ne peux m'empêcher de penser que ces enfants ont mon âge et que le lieu de naissance fait une si immense différence. Je pourrais être l'un de ces enfants vivant dans les favelas de Rio. Je pourrais être un enfant souffrant de la faim en Somalie, une victime de la guerre au Moyen-Orient, ou un mendiant en Inde. Je suis seulement un enfant, mais je sais que si tout l'argent dépensé pour la guerre était consacré à trouver des solutions environnementales et à lutter contre la pauvreté et les maladies, que ce monde serait merveilleux !
À l'école, même à la maternelle, vous nous apprenez à nous comporter dans ce monde. Vous nous apprenez à ne pas nous battre, à travailler dur, à respecter les autres, à faire notre lit, à nettoyer nos traces, à ne pas blesser d'autres créatures, à partager, à ne pas être gourmand. Alors pourquoi faites vous tout ce que vous nous dites de ne pas faire ?
N'oubliez pas pourquoi vous assistez à ces conférences, pour qui vous le faites... nous sommes vos propres enfants. Vous décidez dans quel monde nous allons grandir. Les parents devraient être en mesure de rassurer leurs enfants en leur disant "Tout va bien se passer, ce n'est pas la fin du monde et nous faisons de notre mieux."
Mais je ne pense pas que vous puissiez encore nous dire cela. Sommes-nous seulement sur la liste de vos priorités ? Mon père dit toujours : "Tu es ce que tu fais, pas ce que tu dis". Eh bien, ce que vous faites me fait pleurer la nuit. Vous continuez de nous dire que vous nous aimez. Mais je vous mets au défi, s'il vous plaît : faites que vos actions reflètent vos mots.
Merci. »